Présentée depuis
la fin du mois de juin, la nouvelle moyenne de Peugeot confirme
sur le terrain ses promesses de salon. Sans génie mais avec suffisamment
de talent pour espérer.
Haute, bien équipée, évolutive, diesélisée
: la 307, aurait dit Audiard, est une synthèse. La synthèse des
grandes tendances du marché
On le pressentait, Peugeot l'a voulu, cette
automobile est bien l'anti-Golf annoncée, la Golf du Lion en somme,
tant il est vrai que pour Sochaux l'enjeu est limpide : voler
des clients à la célébrissime germaine dont on sait la réputation
en béton. On verra ce que l'on verra, mais Peugeot n'entend pas
être l'éternel Sisyphe dans cette quête des sommets et au bal
des prétendantes au trône européen, la 307 n'imagine pas faire
tapisserie.
"Cette voiture est très dynamique côté châssis..."
Ses atouts ? Un compromis confort-tenue de route inconnu
dans la catégorie et, déjà, de sa rivale désignée, un équipement
luxuriant et un espace vital confortable quoique moindre qu'espéré.
L'esthétique est affaire de goût : rejoignant le club très mode
des voitures hautes de forme (Honda Civic, Citroën C5, Fiat Stylo...),
la Peugeot a de l'allure et de la prestance, en trois ou en cinq
portes, mais certainement pas le glamour d'une Alfa Romeo 147.
Son côté monospace rassurera les pères de famille.
Ses faiblesses ? Des motorisations un peu
faibles et une qualité, apparente du moins, encore un ton en dessous
des normes allemandes. Si le niveau général est bon, nettement
supérieur à celui de la 306 remplacée, les assemblages manquent
encore de netteté et la finition d'un peu de rigueur.
Parmi les (petits) problèmes notés sur
les voitures d'essai, pourtant de série : une « boîte » à lunettes
baladeuse, un lecteur de CD digérant mal les bosses et un coffre
fermant difficilement. Il est vrai que les routes du sud marocain
savent être terriblement agressives?
On attendait la 307 aux
tournants, on n'est pas déçu : les qualités dynamiques de cette
Peugeot sont remarquables et sanctionnent avec éclat le travail
de mise au point de la plate-forme 2 réalisé par l'équipe d'Alain
Baldeyrou, l'ancien patron de Peugeot Mulhouse. Ladite plate-forme,
on le sait, sera largement déclinée dans le groupe, offerte notamment
à la Citroën C4, remplaçante de la Xsara en 2004 et future pensionnaire
du site de Mulhouse.
Voulue moins vive que la 306 grâce à un
train arrière reconsidéré et réglé différemment, la 307 est d'une
totale sérénité en toutes circonstances et sa conduite particulièrement
reposante même sans le désormais très vendeur régulateur de stabilité
ESP (promis pour un peu plus tard). Les gens mais aussi? le test
de l'élan veulent des voitures neutres, dit-on chez Peugeot et
c'est vrai que l'auto est plus pataude que son aïeule, moins joueuse.
Elle est de toute façon plus volumineuse et plus lourde d'une
centaine de kilos.
Pour autant, aucune lourdeur dans le train
avant moteur, pas de sous-virage marqué (quand l'avant tire tout
droit dans le virage) non plus que de survirage sournois (l'arrière
tend à passer devant?), seul un début de roulis vient rappeler
la hauteur inhabituelle (1,51 m pour 4,20 m de long et 1,75 m
de large) de l'auto.
Remarquable direction assistée et freinage très, très
performant mais Peugeot a mis le paquet avec l'ABS et un dispositif
d'assistance au freinage d'urgence sur toutes les versions. Le
plus agréable dans l'affaire est que ces qualités routières soient
obtenues sans rien sacrifier au confort. Mieux, la Peugeot est
parmi les plus confortables de la catégorie grâce à l'excellent
travail des suspensions et à un amortissement parfait. Une XSI
en jantes de 17 pouces est toutefois moins accueillante qu'une
XR en 15 pouces mais on s'en serait douté.
Dommage, mille fois dommage, que ces immenses qualités
ne soient pleinement valorisées par des motorisations dynamiques.
Même si Peugeot affirme qu'elles correspondent aux souhaits de
90 % de la clientèle, les mécaniques de lancement manquent singulièrement
de peps et, de ce point de vue au moins, la Golf est devant. Trois
options : en essence, le 1 600 de 110 ch et le 2.0 de 138 ch,
en diesel le HDI de 90 ch. Du bon matériel, déjà vu sous d'autres
capots du groupe? plus légers et ici à la peine : la 307 est lourde
(1 200 kg en moyenne) et l'option « tête haute » se paie inévitablement
face au chrono et à la pompe compte tenu de la résistance aérodynamique.
"... mais besogneuse côté
moteurs"
Résultat, un rapport performances-consommation
très moyen (autour de 8,5 litres pour le 1600, 9,5 l pour le 2.0
et 7 l pour le HDI) et l'absence de toute impression au volant,
encore accentuée par une insonorisation très poussée, l'absence
de vibrations et une étonnante filtration des imperfections de
la chaussée.
On redoute déjà le futur 1.4
essence de 75 ch et le diesel HDI de 70 ch (conçu avec Ford),
tous deux annoncés pour l'été, mais on attend avec impatience
le HDI de 110 ch (avec filtre à particules) et surtout un mystérieux
deux litres essence de 180 ch que la 307 pourrait partager avec
une version sportive de la? 206.
Également annoncée, pour l'été, une boîte
automatique séquentielle sur les motorisations essence 1.6 et
2.0. Un peu plus tard, parce que la gamme 307 se devait d'être
« évolutionnaire » pour coller à toutes les exigences du marché,
viendront deux variantes de carrosserie très attendues : un break
façon monospace? rabaissé et un coupé-cabriolet de la trempe du
206 CC. Bref, vivement demain mais bon, aujourd'hui n'est déjà
pas si mal?
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